Introduction : la pratique des soins infirmiers d’aujourd’hui hérite d’une longue et complexe évolution de valeurs. Outre les valeurs traditionnellement humaines de soigner, la pratique infirmière intègre aussi des valeurs qui façonnent le monde « moderne ». Cependant, certaines valeurs traditionnelles de soin humain sont progressivement supprimées au profit de valeurs qui émanent des idéologies « modernes ». Face à ce constat inquiétant, et parmi l’éventail de solutions proposées, certains auteurs promeuvent l’humanisation des systèmes sanitaires à l’aide de la théorie du caring de Jean Watson. Or, plusieurs critiques interrogent la cohérence, voire la légitimité même de cette théorie pour faire face à l’instrumentalisation. Objectifs et méthode : cette étude a analysé la théorie de Watson à partir d’une démarche philosophique dialectique afin de clarifier les débats, de contribuer à son développement éventuel, mais surtout pour tester ces affirmations et proposer d’éventuelles voies de solution. Résultats : la mise à l’épreuve dialectique montre des écueils de cohérence et de pertinence importants conduisant à la réfutation du projet d’humanisation inscrit à même cette théorie. Discussion et conclusion : cette étude recommande une voie alternative à l’instrumentalisation - une pratique fondée dans une éthique nietzschéenne de la vie, qui découle de la synthèse des dialectiques et qui favorise un retour à et un respect de la nature même de l’être humain.