La psychose et les frontières de la folie

Rencontre
Par Philippe Fontaine
Français

Le terme de « psychose », désignant un ensemble de troubles psychiques graves, s’est progressivement substitué, depuis environ 1850, dans la littérature psychiatrique, à celui de « folie ». En l’absence de tout consensus sur l’étiologie précise des psychoses, un accord s’établit pourtant sur un tableau clinique centré autour d’un symptôme majeur : la perte du sens de la réalité. Celle-ci trouverait son origine dans l’altération du schéma corporel, mettant ainsi en péril la différenciation du sujet et du monde extérieur, et, avec elle, toute communication authentique avec autrui. La perception spatio-temporelle est affectée, bloquant toute dialectique temporelle, et empêchant le sujet de s’accomplir. La perte de la réalité peut induire le développement d’un délire, tentative de restructuration d’un autre type de rapport au monde. C’est donc ultimement à cette dernière problématique que la question de la psychose nous confronte, et nous incite à prendre conscience de l’enracinement, déjà dans la vie perceptive normale, de la distorsion psychotique, dès lors que notre vie perceptive ne cesse d’être habitée par le rêve, le fantasme, voire l’hallucination. C’est alors le sens et la légitimité de la frontière stricte couramment établie entre raison et déraison qu’il convient d’interroger.

Mots clés

  • psychose
  • image du corps
  • psychiatrie
  • folie
  • existence
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