L'incontinence urinaire chez des personnes âgées hospitalisées en unité de gériatrie : est-ce vraiment une priorité pour les infirmières ?

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Par Chantal Regat-Bikoï, Hubert Vuagnat, Diane Morin
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Introduction : l’incontinence urinaire (IU) est un phénomène de haute prévalence chez les personnes âgées hospitalisées, s’élevant même jusqu’à 70 % dans les services de long séjour. Toutefois, malgré l’inconfort qu’elle cause et son association avec un déclin fonctionnel, il semble qu’elle reste trop peu considérée par les infirmières en soins gériatriques.
Objectifs : mesurer la prévalence de l’incontinence urinaire lors de l’admission chez des patients en âge gériatrique et évaluer le niveau d’implication infirmière, niveau caractérisé par la présence explicite dans le dossier-patient d’un diagnostic, d’une prescription ou d’une intervention infirmière relatifs à l’IU.
Méthode : l’étude transversale rétrospective sur dossier. Cent dossiers ont été sélectionnés au hasard parmi ceux des personnes de plus de 65 ans admises dans un service gériatrique d’un centre hospitalier universitaire. Les variables utilisées sont : score total et score de continence à l’échelle de mesure de l’indépendance fonctionnelle (MIF), les variables sociodémographiques, présence au dossier indiquant diagnostic infirmier, prescription infirmière ou intervention infirmière relatifs à l’IU.
Résultats : la prévalence de l’incontinence urinaire est de 72 % et elle est corrélée positivement avec un bas score MIF global, l’âge et le fait d’être en attente de placement. Les faits marquants de cette étude sont qu’il est seulement trouvé 1,4 % de diagnostic infirmier dans les dossiers analysés, une prescription infirmière dans 54 % des cas, et au moins une intervention infirmière dans 72 % des cas. La grande majorité des interventions sont de type palliatif.
Discussion : les résultats de prévalence reflètent ceux de plusieurs autres études. C’est aussi le cas au niveau des interventions infirmières. Dans cette étude, les personnes souffrant d’incontinence ont la même prise en soins quel que soit leur score à l’échelle MIF, leur âge ou leur genre. Une des limites de l’étude est qu’elle est rétrospective et ainsi, tributaire de la qualité des notes infirmières.
Conclusion : cette étude innove en proposant l’examen de l’incontinence en relation avec les interventions infirmières. Elle démontre que malgré une prévalence élevée d’incontinence, le niveau général de préoccupation des infirmières reste relativement faible. Une individualisation des soins serait souhaitable et des innovations cliniques doivent être développées en faveur de la prévention primaire et secondaire de l’incontinence lors d’hospitalisation.

Mots-clés

  • incontinence urinaire
  • mesure d’indépendance fonctionnelle
  • MIF
  • intervention infirmière
  • classification internationale du fonctionnement du handicap et de la santé
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