La pratique infirmière en milieu carcéral : des détenus pour patients

Variation
Par Marie Alderson, Micheline Saint-Jean, Pierre-Yves Therriault, Jacques Rhéaume, Isabelle Ruelland, Myriam Lavoie
Français

Il existe peu d’études investiguant le travail d’infirmière et d’infirmier en milieu carcéral. L’objectif de cet article est de décrire, à partir des données d’une enquête en psychodynamique du travail et d’une revue des écrits, la pratique de l’infirmière et de l’infirmier en milieu carcéral à sécurité maximale. Trois infirmiers et deux infirmières ont participé à trois entrevues collectives de deux heures chacune. L’étendue de la pratique infirmière ; l’autonomie ainsi que la collaboration avec les médecins ; la dispensation de soins empreints de non-jugement, d’humanité et de caring ; le désir de faire la différence dans la vie des détenus ; la fierté reliée à l’inusité ainsi que la reconnaissance des pairs et des détenus ressortent comme des sources centrales de plaisir au travail. La réhabilitation constituant un beau mot bien plus qu’une réalité ; le paradoxe entre les soins et la sécurité ; le caractère anxiogène du travail en solitaire ; la peur des poursuites judiciaires et le sentiment d’être continuellement observés se dégagent comme des sources de souffrance. Les résultats sont discutés en considérant les questions de dissociation entre le patient et le détenu, de non-contamination de l’identité soignante par le lieu d’exercice, de plénitude de rôle et de sublimation. La conclusion souligne la tension entre sécurité et caring, distance et proximité.

Mots clés

  • milieu carcéral
  • infirmières/infirmiers
  • santé mentale au travail
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