Une critique anthropologique de l'éthique du soin

Rencontre
Par Aliénor Bertrand
Français

Cet article est une critique de l’anthropologie de la vulnérabilité et des besoins sur laquelle se fonde l’éthique du care. Cette critique confronte d’abord le postulat universaliste de l’anthropologie de la vulnérabilité à l’histoire de l’anthropologie de la maladie, qui n’est parvenue à se constituer en champ disciplinaire spécifique qu’en sortant de la tutelle des sciences médicales et du principe implicite selon lequel la maladie serait un fait universel. Elle s’appuie ensuite sur l’anthropologie de la nature et les travaux de Philippe Descola pour mener une étude comparative des systèmes de représentations incluant le naturalisme de la biomédecine dans l’enquête, au lieu d’en faire ce à partir de quoi s’organise la comparaison. L’article déroule alors les descriptions des représentations de la vulnérabilité et des besoins qui sont liées aux quatre grandes ontologies définies par l’anthropologie de la nature, l’animisme, le totémisme, l’analogie et le naturalisme, et éclaire d’un jour nouveau l’anthropologie sur laquelle repose l’éthique du care. Il apparaît alors que cette anthropologie de la vulnérabilité pourrait être un facteur involontaire de sanitarisation des sociétés. L’éthique du soin aurait donc intérêt à se déprendre de cette anthropologie de la vulnérabilité pour se recentrer sur son contextualisme originel et tirer un parti nouveau de la connaissance des limites du naturalisme qui la fonde. Ce qui lui permettrait aussi de se doter d’un outil de transformation sociale en prise avec le mélange des cultures qui caractérise le début de ce XXIème siècle.

Mots clés

  • soin
  • ethique du soin
  • vulnérabilité
  • anthropologie
  • naturalisme
  • animisme
  • totémisme
  • analogie
  • Descola
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