Dans un contexte de recherche qualitative pour le CLUD des Hôpitaux de Toulouse, nous avons étudié pendant deux années en quoi les représentations sociales des professionnels de santé pouvaient contribuer à expliciter les pratiques de prise en compte de «la douleur induite par les soins». Dans le cadre général de la théorie des représentations sociales, nous nous sommes appuyés sur la notion de représentation professionnelle. Les représentations professionnelles sont des représentations portant sur des objets saillants (la douleur induite par les soins) appartenant à un milieu professionnel spécifique (les professionnels de santé). Partagées au sein de la profession considérée, elles constituent un processus composite, se formant et se déformant, avec lequel les individus évoluent en situation professionnelle (les situations de soins) : opinions, attitudes, prises de position, savoirs... L’opérationnalisation de la notion a été effectuée ici auprès de 302 professionnels de santé toutes catégories socioprofessionnelles confondues. Bien que les éléments avancés dans cet article ne représentent qu’une brève partie de la recherche entreprise, ils permettent d’inscrire notre recherche qualitative dans une approche herméneutique du phénomène étudié. L’examen de la représentation professionnelle rapportée aux différentes catégories d’acteurs de santé montre que le statut des uns et des autres est le premier critère différenciateur des prises de positions relatives à l’objet professionnel évoqué. Par ailleurs, l’histoire propre de l’acteur de santé, dans son savoir et ses opinions, révèle un second marqueur particulier. Oui, «la douleur induite par les soins» est un objet saillant, reconnu au sein des unités de soins. Oui, «ce que je suis (moi soignant) influencerait ma manière de prendre en charge la douleur induite par les soins».