L’hémodialyse est un traitement technique palliatif relativement récent qui permet aux insuffisants rénaux chroniques terminaux de continuer à vivre. Ceux-ci suivent indéfiniment dans le temps trois séances hebdomadaires d’épuration extra-rénale tant qu’ils ne sont pas transplantés. Dans le cadre du travail de recherche réalisé pour l’obtention de la licence et du diplôme de cadre de santé, je me suis intéressée à la trajectoire de vie et à l’identité de ces patients en interrogeant les processus qui le conduisent à être qualifié par son traitement et par devenir un « hémodialysé ». J’ai choisi une démarche d’investigation de nature sociologique en conduisant une analyse comparative entre deux centres d’hémodialyse. La trajectoire du patient se définit par un processus en étapes : le choc initial précède l’adaptation de la personne malade et favorise l’émergence d’un savoir profane qui sera ou non reconnu par les professionnels de la dialyse selon les centres. La technique structure également le processus identitaire des patients, processus marqué par des signes d’entrée dans la carrière déviante et/ou de stigmatisation, qui participent à construire en retour un identité singulière, c’est-à-dire définie par un déficit d’identité spécifique. Ce déficit pourrait expliquer la demande d’apprentissage et l’émergence d’une compétence technique chez certains patients, alors qu’ils fréquentent des centres lourds d’hémodialyse. La reconnaissance du patient en tant qu’acteur du processus de soins au même titre que les soignants redéfinit la place des infirmières qui peuvent y trouver un bénéfice pour leur identité professionnelle.