Cette recherche qualitative aborde l’infirmière [1] dite de référence qui est plus spécifiquement préposée à l’encadrement et à l’évaluation de l’étudiante en stage [2] dans son unité de soins. La recherche fait notamment la description de la pratique et du positionnement de l’infirmière de référence (ci-après IR) dans cette fonction.
L’objectif étant de mieux connaître la pratique de l’IR pour l’encadrement des étudiantes infirmières, c’est dans une démarche d’intercompréhension que chaque IR est interviewée individuellement puisque les chercheurs les rencontrent à nouveau, cette fois-ci en groupe (par département), permettant entre autre, de mettre en discussion certains positionnements qui ressortent d’une première analyse des entretiens. Dans ce but, au sein d’un hôpital universitaire, vingt quatre infirmières travaillant en Médecine interne, Psychiatrie et Chirurgie, sont interviewées par une équipe de recherche.
Le contexte de cette recherche est particulier et intéressant sur plusieurs plans. La recherche est menée en partenariat entre deux institutions, une institution de soins universitaires et une institution de formation en soins infirmiers ; l’équipe de recherche est ainsi composée de personnes des deux institutions. C’est la rencontre de deux mondes qui ont une mission commune, celle de former des infirmières mais qui ont aussi des orientations et problématiques qui leur sont spécifiques, voire antinomiques ; tout ceci dans un contexte de changements pédagogiques et organisationnels de la formation infirmière.
Les thématiques investiguées sont les activités d’encadrement réalisées, la conciliation de leur pratique soignante et pédagogique, les moments clés de l’encadrement, leur prise de recul sur cette fonction, l’idéal tel qu’elles le verraient.
Les IR décrivent un dispositif peu formalisé, balisé essentiellement par les moments clés que sont l’arrivée dans l’unité de soins de l’étudiante, son accueil, les échanges avec l’étudiante, ponctués de bilans formatifs et de bilans de fin du stage. Lors des soins aux patients, les IR développent des formes d’activités avec l’étudiante qui assurent le travail prescrit au nom de leurs responsabilités, tout en cherchant à s’adapter et à interagir avec l’étudiante ainsi qu’avec la situation contextuelle. Le questionnement de l’étudiante est utilisé tant pour vérifier ses connaissances, sa compréhension des situations de soins, ses aptitudes à s’organiser, à argumenter que pour mieux la comprendre elle-même dans son vécu, son estime d’elle-même, la mettre à l’aise, en confiance pour faciliter son apprentissage. La qualité de la communication dialogique est fortement soulignée comme nécessaire à l’encadrement. L’évaluation est une part importante du travail d’encadrement et les infirmières de référence expriment effectivement une tension entre une posture de contrôle et une posture de confiance dans la pratique du suivi de l’étudiante. Les IR font part de leur souhait de bénéficier de temps spécifique pour encadrer l’étudiante, désirent accroître le partenariat avec les écoles, et demandent des supports pédagogiques.
Leurs discours mettent en lumière les différentes compétences tant techniques que sociales que cette fonction d’encadrement nécessite, mais aussi l’impact émancipateur de ces différents rôles cumulés.