Les personnes âgées atteintes de démence en établissement médico-social: défis quotidiens pour les soignantes

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Par Annick Anchisi, Christine Desnouveaux, Nadia Ebenegger, Emmanuel Solioz, Valérie Hugentobler, François Höpflinger
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Dans le cadre d’un partenariat avec des EMS du Valais romand, cette recherche a mis en évidence certaines caractéristiques de la prise en soins des personnes âgées atteintes de démence. Les entretiens ont été réalisés avec deux groupes professionnels : 19 aides-soignantes certifiées (AS) et 19 infirmières diplômées (ID). Le champ des soins a été investigué sous les angles des représentations psychosociales, du temps, de la sécurité professionnelle, des interactions, de l’offre en soins et de la satisfaction au travail.
Pour les AS, les représentations de la vieillesse et de la démence se confondent et reconduisent le sens commun. Les ID se réfèrent à un idéal professionnel qui a pour conséquence une indifférenciation des individus soignés. Ainsi pour les deux groupes de professionnelles, les représentations permettent une mise à distance protectrice mais servent aussi d’écran à la diversité des situations des personnes âgées démentes. Concernant le temps, face à la masse de travail à effectuer, les AS et les ID privilégient l’efficacité et l’utilisation du temps est rarement questionné sous l’angle de sa finalité. Les soignantes inscrivent donc principalement leurs actions dans une logique de la tâche et du contrôle rendant ainsi d’abord service au système institutionnel, largement inspiré du modèle hospitalier. Face aux comportements hors normes des pensionnaires déments, le risque d’agression physique ressort du discours des AS alors que l’imprévisibilité des situations de soins est centrale pour les ID. Le manque de sécurité est également relatif aux connaissances lacunaires des professionnelles concernant les démences et la prise en charge spécifique qu’elles requièrent. Les interactions, bien que décrites comme essentielles par les AS et les ID, ne sont pas considérées comme thérapeutiques et la parole joue prioritairement un rôle fonctionnel. L’offre en soins est commune aux deux groupes. Elle se limite principalement à la satisfaction des besoins physiologiques. Le projet de soins répond davantage aux attentes institutionnelles qu’à une réelle offre en soins individualisée. Les AS et les ID se disent très satisfaites de leur travail auprès des personnes démentes. La satisfaction est vue prioritairement sous les angles de l’utilité et de l’idéal professionnel. En résume, la spécificité de la prise en soins est d’abord relative au contexte (architecture, composition du personnel, type de population) et ne dépend que très secondairement du type de formation suivie par les professionnelles.

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