Des compétences à la compétence entre transmission et transfert : quels modèles ?

Rencontre
Par Marie Odile Chollet-Chappard
Français

La stabilité était une caractéristique des organisations bureaucratiques. Mais, aujourd’hui, le contexte socio-économique et technique rapidement évolutif semble avoir impose aux organisations la nécessite de prévoir et de gérer l’instabilité, l’incertitude et le désordre.
Dans ce contexte global, la connaissance est considérée dans les entreprises comme un capital à faire fructifier pour toujours plus de performance. Paradoxalement à l’heure de la vitesse et de l’éphémère, les savoirs de différents types s’élaborent dans la durée, à force de tâtonnement et d’intelligence humaine. Ils se recomposent et se renouvellent grâce à l’expérience et à la formation. La notion de compétence professionnelle est ainsi devenue incontournable dans le monde des entreprises et de la formation. Elle est omniprésente dans les discours des managers et des formateurs et revêt pourtant des habits très différents.
Ce savoir pas tout à fait comme les autres, puisqu’en partie implicite, indicible donc non formalisable est-il vraiment un savoir ? Est-il transmissible ? Sous quelle forme ? Autant de questions qui renvoient à la conception que l’on a de la notion de compétence.
Selon l’univers de pensée auquel on se réfère, selon le champ d’exploration et d’application, selon les finalités visées, selon la fonction et la posture de celui qui en parle, ce concept, s’il en est un, sera regardé et travaillé différemment.
Si les compétences représentant des produits, savoirs ou capacités, à acquérir, pour occuper un poste de travail, nous sommes dans un modèle du conditionnement où l’homme au travail est agent c’est-a-dire agit par des prescriptions qu’il doit appliquer.
Si les compétences consistent à maîtriser des situations de travail dans une fonction et des rôles définis, l’agent devient acteur c’est-à-dire interprète. Sa marge de manœuvre est reconnue et acceptée pour autant qu’elle serve l’organisation et l’atteinte des objectifs visés.
Si la compétence se conjugue au singulier, l’acteur devient auteur de sa compétence. Elle s’élabore, se produit dans les situations de travail. Le sujet puise dans ses ressources internes et dans l’environnement pour recomposer son travail d’une manière toujours renouvelée. Il se construit comme personne professionnelle dans un processus de professionnalisation.
Ainsi, ce travail de recherche nous a amené à explorer et à questionner différentes approches de la notion de compétence. L’exploration, tout d’abord large, nous a conduit ensuite à situer la problématique dans le champ de la formation professionnelle des cadres de santé et à questionner la transmission de la compétence.
Est-elle transmissible dans le contexte de l’école ? Quels modèles de compétence sont-ils transmis ? Est-elle transférable ? Selon quels modèles de transfert ?
Le projet de recherche est celui d’une praticienne de la formation des cadres de santé qui apprend par la recherche, qui cherche à comprendre un phénomène complexe c’est-a-dire indécomposable. La méthode clinique avec analyse et interprétation nous a conduit, à partir de résultats locaux et contextualisés, à mettre en question des modèles de compétence transmis.

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