Le diagnostic infirmier de « détresse spirituelle ». Une réévaluation nécessaire
L’objet de l’étude était d’identifier les besoins spirituels des patients en fin de vie, afin d’explorer et préciser le champ d’application du diagnostic infirmier de « détresse spirituelle », relatif aux valeurs et croyances, par les infirmières françaises. Il fallait aussi repérer les moments clés où les besoins spirituels peuvent s’exprimer afin d’explorer le rôle possible de l’infirmière vis à vis des besoins spirituels des malades.
L’étude a porté sur une population de 27 patients atteints de cancer ou de sida, hospitalisés dans deux unités de soins palliatifs de la région parisienne et sur une population de 20 infirmières de ces mêmes unités. Elle a été réalisée durant l’année 1996 au moyen d’entretiens auprès des patients, comportant 51 questions ouvertes ou semi-ouvertes et de questionnaires auprès des infirmières, comportant 20 questions. Ces outils ont été structurés à partir des 4 axes que sont la spiritualité, la religion, le malaise appelé « détresse spirituelle », le diagnostic infirmier (pour les infirmières).
Les résultats auprès des patients montrent que la quasi-totalité des malades a ressenti un sentiment de malaise qui serait d’ordre spirituel où prédominent les interrogations existentielles concernant le sens de la vie, de la mort, de la souffrance, de la maladie, alors, que seulement un peu plus d’un tiers des infirmières pensent que cela arrive fréquemment aux malades.
La détresse spirituelle peut être décrite comme l’échec d’investir sa vie avec un sens. La religion est essentiellement évoquée en terme de rites, avec des croyances « mosaïques » spécifiques à chaque individu.
Les infirmières concernées par l’étude ont dans leur grande majorité une connaissance intuitive des principales caractéristiques du diagnostic infirmier de « détresse spirituelle ». Cette connaissance ne semble pas très liée aux formations reçues mais plutôt à l’expérience professionnelle et peut être à l’histoire personnelle de vie.
Ce diagnostic infirmier semble être peu adapté à notre culture occidentale ; Son manque de pouvoir discriminatoire et de flexibilité le rend peu utile pour le soignant qui a besoin de clarifier auparavant les concepts de besoins spirituels et de besoins religieux.
Pour les actions, l’appel à des représentants religieux ou au psychologue n’est pas toujours ce que souhaitent les patients. Pourtant, le malaise survient surtout dans la solitude… on se retrouve donc confronté à des actions de type relation d’aide avec écoute active et aide à la relecture de vie, pour lesquelles l’infirmière serait bien placée, selon les dires des patients.
- besoins spirituels
- diagnostic infirmier de « détresse spirituelle »
- fin de vie
- soins palliatifs
- spiritualité
- sens