La douleur et le soin, entre l'acte et l'accompagnement
Traditionnellement, la douleur renvoie à l’atteinte de la chair et la souffrance à l’atteinte de la psyché. La relation de soin et l’accompagnement sont de par nature un fait social de relation. Dans la droite lignée d’une première étude (Péoc’h et al., 2007) portant sur les représentations professionnelles des soignants à l’égard de la prise en charge de la douleur, nous avons étudié dans le cadre de la pensée sociale (Rouquette, 1973), les attitudes, les représentations et les prises de position idéologique des personnes soignées vis-à-vis du vécu de leur douleur.
244 patients hospitalisés au sein des hôpitaux de Toulouse ont complété un questionnaire comprenant des tâches d’associations libres, des questions portant sur les attitudes, des questions portant sur la dimension idéologique de la douleur, in fine une quatrième partie inscrite dans une perspective phénoménologique. L’objet « douleur » étant entrevu sous l’angle de la conscience et du vécu du patient en utilisant le protocole du « récit de vie narratif » (Le Grand, 1989), dans une perspective praxéologique.
Les résultats indiquent que les conceptions de la douleur proposées par le patient font référence à deux champs distincts : celui du corps (mal, handicap) et celui du psychisme (mal-être, souffrance). Le terme souffrance révèle le visage social de la douleur dans une double composante : existentielle (solitude, incompréhension) et idéologique (« il faut prendre son mal en patience », P = 73,3 % ; X² = 39,83, p. < .05). L’univers représentationnel de la douleur s’accompagne d’une certaine indétermination entre ces deux événements de la maladie : douleur versus souffrance.