Santé et politique en France

Rencontre
Par Didier Tabuteau
Français

La santé : une notion duale. La santé est individuelle, singulière et intime. Elle est aussi collective, statistique et politique. La problématique moderne de la santé repose sur un jeu de relations complexes entre l’acception individuelle et l’acception collective de la notion. On peut tenter d’en cerner les évolutions et les principaux concepts à travers une quadruple approche : la santé et le politique, la santé et ses professionnels, la santé et la société et enfin la santé et l’Etat. Les relations entre la santé et le politique, en France, sont placées sous le signe du retard historique de la France en matière de santé publique, retard qui s’est notamment traduit par une faiblesse structurelle de l’organisation administrative de la santé publique. En revanche la France a développé un système de soins dense et étoffé et une protection sociale contre la maladie à vocation universelle. La construction des professions de santé en France a été marquée par une opposition historique entre les médecins et l’État qui a conduit à l’échec de la médecine hygiéniste et à un malentendu fondamental sur l’assurance maladie. La dominance médicale a produit l’organisation d’un système fondé sur la dichotomie professionnelle et la délégation aux professions de santé de compétences législatrices. La place des problématiques de santé dans la société française a été profondément renouvelée par le développement des connaissances médicales et épidémiologiques. Il en est résulté une nouvelle responsabilité politique dans la gestion des risques sanitaires mais également l’affirmation des droits des malades et de la place de leurs associations dans le fonctionnement du système de santé et le pilotage des politiques publiques. C’est dans ce contexte que l’État a récemment et progressivement affirmé son rôle prédominant sur le secteur de la santé. Cela s’est traduit depuis les années 1960 et 1970 par la constitution d’un service public hospitalier, puis dans les années 1980 par une intervention récurrente à des fins de maîtrise des dépenses de santé et enfin, dans les années 1990, par l’organisation d’un large dispositif de sécurité sanitaire. Plus récemment, un processus d’institutionnalisation des politiques de santé est venu consacrer cette évolution. À l’avenir les questions de santé devraient s’imposer comme des priorités de l’action publique en raison des défis sociaux et humanitaires qui s’y attachent mais également des nouvelles interrogations politiques et bioéthiques qu’elles susciteront.

Mots-clés

  • santé
  • santé publique
  • assurance maladie
  • sécurité sanitaire
  • professions de santé
  • droits des malades
  • service public
  • État
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