Le développement de la tabacologie : un progrès fondamental pour la qualité des soins
En France, le tabagisme est responsable de 66 000 décès par an : aucun comportement à risque n’a un impact aussi important sur la santé publique en termes de mortalité. La Haute Autorité de la Santé recommande l’arrêt du tabac comme traitement essentiel de nombreuses pathologies (cardiovasculaires, pulmonaires...). La prise en charge du tabagisme permet en effet, de prévenir la survenue, la récidive ou les complications de plusieurs pathologies avec un rapport coût/efficacité et coût/risque bien souvent sans équivalent. Depuis deux décennies, nous connaissons mieux les mécanismes neurobiologiques et psycho-comportementaux impliqués dans la dépendance au tabac. Les stratégies thérapeutiques validées (substitution nicotinique, Bupropion, Varénicline, thérapies comportementales et cognitives) sont ainsi aujourd’hui adaptées à chaque fumeur pour obtenir une meilleure efficacité.
La prise en charge des fumeurs par des médecins et des infirmiers tabacologues s’est développée sur tout le territoire au sein de structures d’aide à l’arrêt du tabac. Formé aux techniques de l’entretien motivationnel, l’infirmier tabacologue accompagne le fumeur dans sa décision en évitant de développer des résistances au changement du comportement. A partir d’un recueil de données déterminant les conditions de la dépendance (Test de dépendance, mesure du monoxyde de carbone dans l’air expiré, dépistage d’une comorbidité dépressive...), une stratégie thérapeutique est établie entre le thérapeute et le patient. Pour permettre un déconditionnement efficace du comportement, l’infirmier tabacologue accompagne le candidat à l’arrêt sur plusieurs mois en se référant aux approches des thérapies comportementalistes. Il évalue ainsi divers paramètres pour adapter la stratégie thérapeutique : surdosage ou sous dosage de la substitution, abstinence ou réduction de la consommation, évaluation du syndrome de manque, gestion des situations à risque... La substitution nicotinique, traitement en vente sans ordonnance médicale dans les pharmacies, offre toutes les garanties de sécurité depuis de nombreuses années. L’ajustement de la posologie de substitution nicotinique pour chaque patient renforce très significativement son efficacité. Dans le cadre de la continuité des soins, les stratégies d’arrêt proposées par les infirmiers tabacologues sont aujourd’hui suivies par les médecins traitants, les médecins spécialistes (cardiologue, pneumologue...), les pharmaciens.
Le développement de la tabacologie est un progrès fondamental pour la qualité des soins. Cependant, le traitement de cette pathologie de la dépendance aux conséquences majeures pour la santé connaît toujours un déficit de soins important. En effet, beaucoup de professionnels de santé attribuent encore aujourd’hui la consommation de tabac à un simple comportement lié à l’habitude qui devrait être vaincu par la seule volonté et ainsi n’orientent que trop rarement les patients fumeurs vers le tabacologue. D’autre part, l’absence « apparente » de motivation du patient fumeur dissuade trop souvent les soignants de faire appel aux compétences des professionnels de la tabacologie pourtant exercés à l’entretien motivationnel. Par ailleurs, des campagnes de prévention trop agressives et culpabilisantes, entretiennent une forte appréhension des fumeurs à rencontrer les tabacologues à qui l’on attribue faussement une fonction moralisatrice.
L’amélioration de la qualité des soins, par le développement de la prise en charge de la dépendance tabagique, est un véritable défi pour la profession infirmière : c’est une urgence de santé publique ! La mission des infirmiers tabacologues doit être indéniablement renforcée dans les établissements de santé.
Les infirmiers tabacologues se regroupent au sein de l’Association Française des Infirmières en Tabacologie (AFIT).
Mots-clés
- dépendance
- addictologie
- tabagisme
- tabacologie
- prévention
- fumeur
- arrêt du tabac
- abstinence
- éducation