Étude comparative de l’anxiété, entre patients informés et non informés en période préopératoire

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Par Lina Maward, Nazek Azar
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L’anxiété opératoire constitue un phénomène majeur, perceptible dans ses nombreux symptômes somatiques et ses manifestations psychologiques, ainsi qu’à travers son impact important sur l’état de santé du patient opéré et sur l’ensemble de l’acte chirurgical et ses suites. Depuis plusieurs décennies, ce problème (presque absent au niveau de la recherche scientifique au Liban) fait l’objet d’un vaste effort théorique et de nombreuses études sur le terrain en Amérique du Nord et en Europe.
Dans le cadre de cette enquête, nous avons étudié l’influence de l’information structurée fournie par l’infirmière de bloc, sur l’anxiété du patient en phase préopératoire. Le problème est d’autant plus important et actuel que cette information est quasi absente dans les établissements hospitaliers libanais.
Adoptant pour hypothèse principale que « l’ information préopératoire structurée diminue l’anxiété du patient », nous avons voulu étudier aussi les liens éventuels entre les niveaux d’anxiété et les caractéristiques personnelles, socio-culturelles et psycho-médicales des patients (sexe, âge, situation matrimoniale, niveau d’enseignement, habitudes de vie, hospitalisation antérieure, type de chirurgie, type d’anesthésie, etc.). Dans cette même démarche méthodologique, nous avons adopté les échelles de Spielberger pour la mesure de l’anxiété, après avoir obtenu l’autorisation officielle du Professeur Spielberger qui nous a fourni la version arabe certifiée de ses échelles et leur mode d’interprétation. Un questionnaire a servi à identifier les caractéristiques du groupe étudié.
Nous avons choisi pour terrain, le bloc opératoire de l’hôpital Nini de Tripoli, au Liban Nord, et notre enquête s’est déroulée essentiellement au cours des mois de septembre et d’octobre 2003. Au sein de la population du bloc, nous avons constitué un échantillon de 60 patients, par la technique de l’échantillonnage aléatoire, avec des critères d’exclusions bien définis. Par cette même technique, nous avons divisé l’échantillon en deux groupes égaux de 30 patients: le groupe A1 qui sera informé, le groupe A2 qui ne le sera pas et qui servira de groupe témoin.
Les données recueillies par l’enquête ont été intégrées au logiciel SPSS. Les résultats de l’analyse comparative opérée entre les scores d’anxiété des deux groupes A1 et A2, ont permis de confirmer l’hypothèse principale citée ci-dessus. Par contre, ces résultats n’ont pas établi de liens significatifs entre les niveaux d’anxiété et la plupart des caractéristiques du groupe étudié. Cela montre l’impact relativement uniforme et homogène de l’information préopératoire sur les patients, en dépit de leurs différentes caractéristiques.
En confirmant l’hypothèse selon laquelle l’information préopératoire diminue l’anxiété du patient, cette enquête contribue à ouvrir la voie à des conséquences pratiques importantes. Elle débouche sur la recommandation suivante : les établissements hospitaliers libanais gagneraient beaucoup en qualité de soins, en adoptant un protocole pour mise en application du livret de renseignements et de l’entretien préopératoire avec le patient, ce qui permet en plus, de valoriser le rôle de l’infirmière de bloc. L’absence de l’ information préopératoire structurée constitue à l’heure actuelle une lacune notable dans le système hospitalier libanais.

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